SECRETS DE LA VICTOIRE
Le 9 septembre 1943, l’insurrection a triomphé parce qu’une poignée de communistes corses avait su gagner toute la résistance à cette idée :’’c’est dans le peuple que résident les grands espoirs de libération nationale et sociale’’.
Ils avaient raison de préconiser l’union de tous les patriotes de Corse au sein d’une résistance de masse, enracinée au sol, forgeant chaque jour dans le combat les armes de sa propre victoire.
Ils avaient raison de rejeter la formule du ‘’réseau étroit’’, se bornant à renseigner les Alliés, attendant de l’extérieur un débarquement qui réglerait tout, à l’heure H.
Ils avaient raison d’avoir confiance dans le génie créateur des masses, dans l’abnégation et l’audace des simples gens.
Oui, plus que par des traditions de lutte et par la nature du terrain, la Résistance corse a été servie par la qualité des hommes et par le caractère indomptable de ses hommes.
Grâce à l’insurrection du 9 septembre, la Corse s’est libérée avec un an avant d’avance sur l’horaire.
Oui, le débarquement est la conséquence de l’insurrection des patriotes de Corses.
Le général GIRAUD a eu le mérite de prendre la décision de venir en aide aux patriotes qui s’étaient insurgés, malgré lui…
Dans l’entourage du général DE GAULLE, on répugne à ‘’sacrifier le Bataillon de choc’’. Le général BEDELL-SCHMIT, chef d’état major d’EISENHOWER et l’amiral CUNNINGHAM refusent tout concours naval et aérien.
Qu’à cela ne tienne…cette opération sera purement française.
Ainsi, l’insurrection du 9 septembre et les combats qui ont suivi ont permis la Libération de la Corse avec une année d’avance. Cette victoire a été acquise en vingt-cinq jours avec des moyens réduits et des pertes légères.
Nos plus grands chefs militaires, pour libérer la Corse de forces vives, prévoyaient, au bas mot, l’intervention de six divisions.
L’insurrection leur a permis d’entrer en Corse, sans coup férir, avec 109 hommes, et de libérer l’île, complètement, avec 6929 soldats. On voit par comparaison des chiffres que la Résistance corse a pesé autant que cinq divisions régulières.
Le 14 Novembre, les délégués représentant les communes de Corse et 27000 adhérents au Front National se réunissent en congrès à Ajaccio et demandent la mobilisation totale de toutes les forces insulaires pour la libération de la France continentale.
De l’observatoire d’Ajaccio, à la mi-août 1944, l’amiral CUNNINGHAM suit le déroulement de l’opération ‘’ANVIL’’, le débarquement en Provence, prélude à la libération complète de la France.
La Corse libérée par les Corses eux-mêmes, c’est déjà –selon le mot d’Ilya EHRENBOURG- la France qui libère la France.
Un grand nombre de patriotes, communistes ou pas, après la libération de la Corse, sont partis se battre aux côtés de l’armée régulière ou des résistants sur le territoire continental. Beaucoup ne sont pas revenus vivants.