A 5h30 Jean s’aperçoit qu’on veut le fusiller dans le dos. Il s’insurge contre cette suprême insulte et invective les bersaglieri. Et telle est la force de sa parole que le peloton baisse les armes. Le colonel MAGLI fait alors intervenir une section de carabiniers. Mais Jean refuse d’être fusiller dans le dos et leur crie : « Lâches, vous n’osez pas me regarder en face ». Et c’est seulement à 7h30 qu’il tombe, non pas fusillé mais massacré à coups de crosses et décapité à coup de poignard.
Début septembre (43). Les Allemands sont d’une fébrilité extrême. Ils ne restent pas plus de 2 ou 3 jours au même endroit, ils se faufilent partout, n’admettent pas les discussions. On sent que cette situation ne peut plus durer et que bientôt les troupes de résistance seront forcées ‘’d’entrer dans le bain’’.
Il serait souhaitable que le débarquement s’effectue très prochainement.
Des coups de main ont lieu du nord au sud de l’île. Les accrochages se font de plus en plus précis. Les Allemands prennent des otages dans la population, parmi lesquels des jeunes gens de 15 et 16 ans qu’ils menacent de fusiller si les patriotes ne se constituent pas prisonniers. Le chantage échoue. Tout le monde tient bon. La Corse est en effervescence.
Le 4 septembre le radio Martin BORGOMANO, en proie à la plus vive agitation s’écrit ;
- Anibal. Anibal. Il faut redescendre tout de suite à Ajaccio… « J’aime Paimpol et sa falaise, son biniou et son grand pardon »…
- Le message d’alerte ?
- Oui, on vient de l’entendre à la radio…
Pas de doute ; le débarquement est éminent.
Les parachutages sont de plus en plus nombreux. Outre des armes et du matériel, des spécialistes radios sont largués.
Monsieur Luc ‘’Arthur GIOVONI de Moca Croce’’ est alerté par les partisans que le ‘’Casabianca’’ va aborder dans la rade de la Parata, à la barbe des batteries italiennes, dans la nuit du 5 au 6 septembre. A 1 heure du matin ‘’Luc’’ est à bord. Le débarquement des fusils antichars commence sur un canot pneumatique. A 4 heures tout est terminé. Luc vogue vers Alger où il apporte des documents de la plus haute importance. Il s’agit d’un document de 181 pages donnant le détail de toutes les forces ennemies en Corse.
Front National 18
A Alger, les spécialistes n’en croient pas leurs yeux :
- Ca a dû coûter cher ?
Et GIOVONI de répondre :
- Pas un sou ; mais dix mois de travail.
A midi GIOVONI rencontre le Général GIRAUD. Accueil très cordial.
- Alors GIOVONI, dans quelques mois votre pays sera libéré. Vous préfèreriez dans quelques semaines.
- Je préfèrerais dans quelques jours.
Il Expose la situation en Corse.
- Je sais qui vous êtes et ce que vous avez fait. J’ai promis d’aider les patriotes Corses. Je tiendrai parole.
A l’heure ou ‘’Luc’’ rencontre GIRAUD, on note en Corse les signes d’un soulèvement général imminent. Le 8 septembre, ‘’Ribello’’ à la tête d’un groupe armé stoppe un convoi de 3 camions italiens. Les soldats déposent leurs armes. Bilan 8 Lebel, 1 mitrailleuse et des caisses de grenades et de munitions. Arrivent 2 camions Allemands. Un sous officier et un chauffeur sont abattus. L’autre camion réussit à s’enfuir.
Dans toute la Corse des milliers de ‘’Ribello’’ se lèvent.
Mercredi 8 septembre, cours NAPOLEON, le Comité d’arrondissement du Front National tient une séance. On prend les ultimes mesures pour le combat dont chacun sent l’approche. Vers 18 h 30 h le radio Pierre PAGES vient annoncer : « L’Italie a capitulé ». Mais ce n’est pas le moment de perdre la tête dans un tourbillon de joie. Il faut profiter du désarroi des Italiens avant que les Allemands ne les reprennent en main. Il faut balayer le pouvoir de Vichy, prendre la mairie et la préfecture, arrêter les traîtres, proclamer le ralliement de la Corse à la France libre. La victoire de l’insurrection, à Ajaccio, jouera un rôle important dans la réussite de la mobilisation de tous les patriotes, contre l’envahisseur Allemand. Le Comité départemental avait décidé que si les Italiens capitulaient on lancerait l’insurrection. Ce même jour à 19 h 30, en un quart d’heure, rassemblement de tous les groupes de combat du Front National devant la mairie. Plus de 300 hommes, certains armés de pistolets, sont au rendez-vous. Les sirènes donnent l’alerte. Si les « « vichystes » » de la mairie espèrent disperser les patriotes, ils en sont pour leurs frais. On crie : « LAVAL au poteau ! A bas PETAIN ! Mort aux hitlériens ! » . Le Chant du départ alterne avec la Marseillaise et l’Internationale. Un millier de jeunes résolus s’engagent sur le cours NAPOLEON. Des officiers fascistes braquent leurs revolvers sur le rang de tête. Le cortège les engloutit avant qu’ils aient pu tirer…