Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 10:37

Je ne peux résister au désir de vous faire partager l'analyse d'un ami blogueur sur l'intervention de la Chancelière Merkel dans la campagne présidentielle Française.

"Ne faut-il pas de condamner la récente et directe intervention allemande dans la campagne électorale, qui montre une arrogance et une volonté hégémonique qui rappellent (les mots sont pesés) d'autres époques de l'histoire. Celle où Bismarck, fort de sa puissante industrie et de son appareil militaire qui avait fait une démonstration éclatante autant à Sadowa contre l'Autriche qu'à Sedan contre une armée française valeureuse mais commandée par de rares incompétents et un traitre (Bazaine), imposait sa volonté par le non dit. Celle ensuite où, au vu de cette puissance, l'Allemagne contraignait la France à céder au Maroc rien qu'en montrant ses muscles. Qu'au mépris de tous les usages diplomatiques la Chancelière Merkel s'immisce de manière ostensible dans la campagne électorale, annonce qu'elle participera à des meetings de Sarkozy et organise le boycott de celui qui est désigné par la plupart des enquêtes d'opinion comme le vainqueur sinon probable du moins possible de mai 2012, sans que l'ensemble de la classe politique française se dresse vent debout contre cette outrecuidance, en dit long sur l'internationale financiariste. Mitterrand faisait autrement peur que le très raisonnable Hollande (euphémisme), et les pays voisins n'ont alors pas commis une telle ingérence. Que des descendants de la tradition gaullienne soutiennent Sarkozy, c'est déjà quelque chose qui laisse pantois. Qu'ils laissent passer une telle énormité sans protester vent debout est une autre incongruité, qui abasourdit quiconque connaît les usages diplomatiques. Seul Guaino a vaguement grogné... J'imagine mal le défunt Séguin ne pas rugir devant cette incongruité, quand bien même il aurait choisi de soutenir Sarkozy par défaut.. Certes, Merkel a un interlocuteur idéal avec Sarkozy qui, après s'être contre toute logique attaché à la remorque d'un "Baby Bush" déconsidéré et déshonoré dans son propre pays, ne trouve rien de mieux que de suivre avec veulerie les diktats de la dirigeante d'une nation certes amie, mais néanmoins concurrente et qui ne fait aucun cadeau quand ses intérêts sont en jeu. Pour notre président (peut être encore pour cinq ans... à méditer), l'idée que notre pays fort de ses 2.000 ans d'histoire et de son immense tradition diplomatique puisse avoir une politique en partie autonome et conforme à ses intérêts semble inconcevable. Giscard fut le petit télégraphiste de Brejnev, et cela lui coûta cher. Sarkozy est le caniche de Merkel, auto-condamné à répéter avec veulerie tous ses diktats y compris (un comble!) ceux qui finalement seront repoussés par... le propre gouvernement allemand dont certains membres sont plus lucides que ce paon vaniteux de Schauble, celui qui ose se rengorger: "désormais, l'Europe entière parle allemand" (à part cela, c'est la France qu'on surnomme ironiquement la Grande Nation outre-Rhin, au nom de sa supposée arrogance) Merkel est évidemment libre de recevoir et de visiter qui elle veut, quand elle veut, tout comme les candidats à la présidentielle le sont. Seulement il y a la manière, et la diplomatie ne manque pas de formules pour habiller les refus polis : on invoque en général "les difficultés d'emploi du temps respectifs". Laisser fuiter puis démentir mollement la décision des quatre chefs d'état conservateurs (Monti, Rajoy, Cameron, Merkel) qui sévissent actuellement en Europe, de boycotter Hollande, est un acte de guerre non pas dirigé contre lui, mais contre une potentielle majorité de Français décidés à voter en sa faveur (ce n'est pas – encore ? – la BCE qui désigne les présidents). Les Allemands se scandaliseraient que la diplomatie française organise une coalition de gouvernements visant à influencer leurs élections – et ils auraient raison : il y a plus qu'une nuance entre des soutiens de "parti frère à parti frère" et des positions diplomatiques qui mettent les états en première ligne. Arguments de Merkel, pour justifier la guerre déclarée à Hollande et a fortiori aux candidats qui ne pensent pas comme le caniche du moment ? La volonté réelle ou supposée de renégocier un traité mis au point aux forceps soi-disant pour sauver l'Europe et l'Euro, en réalité uniquement pour sauver les intérêts privés compromis par des manœuvres délirantes de la finance, traité qui est, à quelques rares alinéas près, la copie conforme des exigences teutonnes qui font prévaloir la finance technicienne sur la démocratie. D'obscurs codicilles d'un quelconque Mécanisme Européen de Stabilité condamné de toute manière avant de naître comptent plus pour Merkel que la dérive nationaliste, xénophobe, agressive, antisémite de son voisin hongrois qui ne la choqua que quand il remit en cause "l'indépendance de sa banque centrale" (pas fou, si Orban n'a pas reculé sur le verrouillage de la démocratie et des médias chez lui, il a capitulé immédiatement sans condition sur ce point...) Il faudra que Merkel nous dise quand, dans l'histoire, la vocation des traités n'était pas d'être renégociés en fonction des intérêts respectifs de chacun, au vu de l'évolution de la situation et des rapports de force. Faut-il rappeler qu'en 1947, après sa capitulation sans condition, l'Allemagne n'était plus une nation mais des territoires occupés dans lesquels les habitants ne bénéficiaient d'aucun droit, sinon de celui de travailler dur pour réparer en partie les crimes hitlériens - et que ce furent une succession de renégociations conduite d'abord par Adenauer qui en firent la première puissance européenne ? Aurait-on appliqué les principes de Merkel, que de nos jours l'Allemagne serait démembrée en plusieurs pays sous tutelle permanente dotés d'une économie à caractère pastoral, privés d'industrie autre qu'extractive, les ressources brutes alimentant les autres nations au titre des dommages de guerre, avec interdiction de se doter de la moindre force armée (plan Morgenthau). A supposer qu'on ait laissé passer cette énormité, stupide en plus d'être indigne, on évoquera un autre épisode : la réunification (qui prit toutes les formes d'une annexion pure et simple de l'Est par l'Ouest) n'aurait, quarante cinq ans après, jamais vu le jour sans renégociation puisqu'il suffisait qu'une puissance partie prenante la refuse pour qu'elle soit rejetée... Et Thatcher n'était pas enthousiaste, euphémisme ; quant à Mitterrand il exigeait à juste titre des garanties. L'arrogance allemande est-elle désormais telle que le précepte "ce qui est acquis par Berlin est acquis ; on peut renégocier tout le reste à l'infini" devient postulat ? Il faut le dire clairement. Cela permettra d'ouvrir les yeux sur la "construction européenne actuelle" et sans doute de revenir à une logique autrement plus saine... non pas la rejeter évidemment : si le patriotisme donne un élan, il faut se méfier du nationalisme ; mais pour rebâtir l'Europe sur d'autres fondements, en rappelant à l'Allemagne que quoiqu'elle pense, sans nous elle n'est rien. De quoi vivrait-elle sans ses exportations, dont les deux-tiers vont vers la zone Euro : quel serait le montant de ces exportations avec un "euro-mark" réévalué de 50 à 60% vers une zone "euro-sud" plongée en outre dans une récession profonde par le fait des Diktats teutons (donc des prix allemands augmentés d'autant) ? Concluons en rappelant qu'Allemands et Français sont dans leur immense majorité d'accord sur une chose : ils ne veulent pas vivre les uns comme les autres. N'en déplaise aux européistes bêlants, le concept de pays, de nation, de tradition, veut encore dire quelque chose aux yeux de neuf Européens sur dix : les Allemands ne seront jamais des Français, et vice versa. Que nos (encore) amis allemands vivent leur vie. Qu'ils ne nous empêchent pas de vivre la notre et qu'ils se débarrassent de leurs politiciens assez imbéciles pour, à force d'arrogance, réveiller les vieux démons (ce que personne ne souhaite parmi les démocrates). Tout le monde y gagnera, eux les premiers qui n'aimeraient sans doute pas se faire traiter de Schleus ou de Boches, comme leurs parents et grand-parents.

Partager cet article
Repost0

commentaires

D
Très bien. Je vois que nous avons le même talentueux ami blogueur.
Répondre

Présentation

Recherche

Liens