Le 30 juillet L’HERMINIER, commandant le sous-marin Casablanca, est pris sous les tirs de mitrailleuses dans le golfe de Porto. Il retourne, donc, à Saleccia où il débarque 12 tonnes d’armes et de matériel. La nuit suivante, 8 autres tonnes sont débarquées. En rentrant à Alger, L’HERMINIER apprendra que tout le matériel est en bonnes mains.
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Six des nôtres sont là, de ceux qui savent tout risquer. Il faut évacuer les armes sur Casta par les sentier uniquement à dos de mulets.
Voici le Front National des patriotes ; voici le peuple de Corse à l’œuvre. BENEDETTI part en Balagne et ramène 50 mulets. Les paysans, poignée d’hommes intrépides, guident les convois, offrent chaque jour une fournée de pain et un veau pour les équipes. Dix décalitres d’avoine pour les mulets.
C’est l’enthousiasme. Dans la journée, on vaque ostensiblement aux affaires. Les vieux s’emploient auprès des italiens à connaître les heures et les itinéraires de patrouilles. Les enfants font le guet. Ainsi, chaque nuit les armes passent par les sentiers à deux cents mètres de l’ennemi.
Il faut répartir les armes par camions. Les routes sont infestées d’Allemands, d’Italiens et de policiers. Les hommes feront preuve de ruses, d’astuce et d’audace à nul autre comparable au nez et à la barbe de l’ennemi.
Ragaillardis par la présence des hitlériens, les fascistes poursuivent leurs méfaits. De nombreuses personnalités sont arrêtées et déportées. L’ennemi tend des embuscades.
Un puissant maquis, organisé par Jean NICOLI et ses camarades, contrôle la région d’Olmetto. C’est dans cette région, à Casalabiva que Jean NICOLI et Tony OGLIASTRONI, ont composé le chant de guerre du Front National, la Sampiera :
Ch’a lu son di lu culombu
Da li monti a la marina
S’attruppi tuttu lu mondu !
L’annezzione s’avicina.
E come nu temp’antighu
Fatte front’alu nimighu !
Aritti corsi ! Corsi aritti !
Siatte cos’e francesi,
Tutt’all’arme corsi arditi,
Morte, morte ali nimighi !
Qu’au son du Colombo
De la montagne à la mer
Tout le monde s’attroupe !
L’annexion nous menace.
Et, comme au temps jadis
Faites front à l’ennemi !
Corses debout ! Debout les Corses !
Soyez tous Français et Corses,
Tous aux armes Corses hardis,
Mort, mort à l’ennemi.